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Comment devenir un excellent praticien

Publié par Marc-Gerald le 17-Nov-2012 09:30 (20371 lectures)

Par Marc-Gérald CHOUKROUN

Les professionnels qui ont une pratique de santé, pensent parfois que leur compétence est le seul fruit de leurs performances techniques. On peut s’appuyer sur les travaux de psychologie médicale et de de psychopédagogie pour expliquer que la relation humaine possède une puissance incontournable. L’inconscient découvert par Freud est en action dans la relation. Il permet au praticien de soigner et au malade de guérir.

La société moderne a attribué à chacun des thérapeutes « une technique », qui fait sa compétence, mais cette attitude ne saurait éluder l’alchimie qui existe entre le thérapeute et son patient. De nombreux praticiens pensent que leur technique fait le traitement, mais elle n’en représente qu’une partie. De nombreux praticiens pensent qu’ils font le reste par leur compassion et leur écoute, mais cela ne représente qu’une autre partie.  J’ai essayé dans ce livre ("Comment devenir un excellent Praticien") de mettre en évidence, une dimension insidieuse, absconse de la thérapie, bien connue des psychanalystes qui est l’échange des inconscients.

EnsembleOn ne peut pas « technologiser »  les inconscients, mais on peut à la lumière de cet ouvrage (30 ans d’études et de pratique), mettre ces inconscients en bonne disposition. L’effet placebo  m’a mis sur la voie : ce n’est pas un pouvoir du praticien. Freud avait déjà signalé que l’hypnose n’était pas soumise au pouvoir du thérapeute. Le seul pouvoir de guérir est entre les mains du patient, ce n’est même pas un choix conscient du patient, c’est un désir.

C’est une activité hautement vertueuse entre deux êtres, qui fondamentalement sont faits pour s’entraider, car le mieux placé pour aider un être humain, c’est un autre être humain. L’un possède le désir de guérir, l’autre le désir de soigner. En cela ils forment une dualité intime et concrète. Il arrive que la guérison ne soit pas la réalité attendue du patient, n’en déplaise aux convenances, et ce n’est pas au praticien d’en décider, au risque de pratiquer des fautes professionnelles (la mésalliance). 

EspoirA charge au praticien de bien réaliser sa technique et d’être en accord avec la loi sociale, le reste est une aventure entre deux êtres. Si j’ai bien compris la leçon des Grand Auteurs, la relation thérapeutique est la métaphore d’une relation sexuelle mature, fondée sur le partage et le respect.

Au cours des consultations, on peut voir passer avec conscience et détachement les tentations de la sexualité infantile (séduction, masochisme, maternage), ce sont souvent des régressions nécessaires pour laisser le patient se redresser et accéder à sa maturité.

J’ai pu au fil des années de consultation, construire un modèle de la relation thérapeutique. Celle-ci permet de se débarrasser des parasites qui encombrent régulièrement le rapport du patient et du praticien. Mais s’en tenir à cette stratégie ne serait qu’accomplir la moitié du chemin. Ce qui harmonise les désirs du patient et du praticien, c’est cette résonnance qui se déclenche dans la relation transférentielle, exactement comme l’inspiration du musicien au-delà de sa partition.

Le patient est conduit au premier rendez-vous par sa souffrance et son inquiétude, puisse-t-il repartir avec une meilleure compréhension et acceptation de lui-même. Cela s’adresse autant à l’enfant qui s’effraie de ses manifestations psychiques et corporelles, qu’au vieillard qui rend son âme, comme on termine un contrat. Il a toujours existé un « au-delà » de l’homme, manifesté dès les premières traces par les sépultures.

MortLa mort serait cet « au-delà », mais ce n’est qu’un symbole qui prétend à une ouverture (monde  des âmes) qui n’est pourtant qu’une fermeture (mise en terre). L’homme qui parle de cet « au-delà » cherche en réalité une sensation douce, étonnante, imprévisible, non reproductible: la rencontre.

La rencontre est notre espoir fondamental. Faute de la déclencher, de la saisir, de la maintenir, de la contrôler, nous fuyons dans cet espace symbolique de la mort qui représente  le gouffre de notre frustration...

Présentation du livre "Comment devenir un excellent praticien" (Editions GLYPHE, JUIN 2012, 197p.) de Marc Gérald CHOUKROUN (orthodontiste, maitrise de psychologie et formation de psychanalyste).

Du même auteur sur la relation thérapeutique:

  • Abrégé de psychologie. Ed SID 1997
  • La mise en acte du traitement Ed SID 2004
  • Au cœur de la relation thérapeutique ED GLYPHE  2007
  • La communication et l’éducation du patient. Ed SID 2008

Tags: orthodontiste   praticien   excellent  

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